Margaret Sanger
J'ai été très impressionné par la lecture d'un article sur l'histoire de la médecine qui peut vous intéresser (sauf pour les admirateurs de la manif pour tous,bien évidemment).Vous savez sans doute que j'adore les biographies et les parcours hors normes qui m'impressionnent et Margaret Sanger fait partie de ces personnes oubliées que l'on devrait mettre en exergue et je ne peux pas passer sous silence sa vie qui aura un impact important dans la libération de la femme.
Margaret Louise Higgins Sanger est née le 14 septembre 1879 à Corning dans l’état de New York. Fille d’Anne Purcell Higgins et de Michael Hennessy Higgins d’origine irlandaise, Margaret grandit au sein d’une famille de 11 enfants. La famille Higgins vit très modestement et le père, tailleur de pierre, a du mal à subvenir aux besoins des siens. Radical, rebelle et libre-penseur, son père aura une influence décisive sur la personnalité de Margaret qui fit montre très tôt d’un goût prononcé pour l’histoire des femmes. La jeune fille vécut une enfance assez difficile du fait notamment de la maladie de sa mère et des conditions de vie de cette famille nombreuse. D’ailleurs, elle ne tarde pas à échapper à cette oppression. Avec l’aide de ses sœurs aînées, Mary et Anna, qui lui offrent de payer ses frais de scolarité, Margaret étudie à Claverack College, une école privée, et au Hudson River Institute de 1896 à 1898. C’est à cette époque qu’elle développe un intérêt particulier pour la question des femmes et se découvre une prédisposition pour le débat et l’argumentation.
En cette année 1898, alors que Margaret Sanger est dans une école publique du New Jersey, elle doit se résoudre à interrompre son activité et à rejoindre le domicile familial en raison de l’état de santé de sa mère. Anne Higgins, qui souffre de tuberculose depuis de nombreuses années, meurt en mars 1899, à l’âge de 50 ans. Profondément affectée par ce drame, Margaret Sanger voit dans les grossesses à répétition la principale cause du décès prématuré de sa mère. Cette expérience douloureuse va nourrir sa réflexion ultérieure sur la condition des femmes, et en particulier sur la nécessité de la limitation des naissances. Margaret reste alors à Corning et mène une vie austère de femme au foyer comme l’avait fait sa mère tout au long de ces années. Pour Margaret, c’est le début d’une période difficile car ce père autrefois adoré fait désormais preuve d’une autorité tyrannique à laquelle elle va s’efforcer d’échapper. Elle quitte ainsi définitivement le foyer familial et entreprend de suivre un programme de formation pour devenir infirmière à l’hôpital de New York. En 1902, alors qu’elle termine sa formation , elle rencontre un jeune architecte, William Sanger. Ils lient leur destin en se mariant quelques mois plus tard et s’installent à Hastings, dans la banlieue de New York. Très vite naît leur premier enfant, stuart, en 1903, suivi de grant en 1908, puis de Peggy en 1910. Après quelques années d’une vie de femme au foyer, Margaret prend conscience que cette vie ne lui convient plus. La famille décide alors de quitter la banlieue tranquille de Hastings pour s’installer à New York, plus précisément à Greenwich Village ( ah !! Greenwich Village,que de souvenirspersos). Leur installation au cœur de New York en cette année 1910 marque un tournant capital dans la vie de Margaret.
Tandis que William se destine à la peinture, Margaret, elle, exerce son activité d’infirmière dans les quartiers pauvres de New York et se spécialise dans le domaine de la santé des femmes. Immergés dans la culture bohème de Greenwich Village, ils fréquentent des intellectuels, des artistes, des socialistes et des radicaux qui leur ouvrent de nouveaux horizons. Cette agitation intellectuelle va profondément influencer Margaret Sanger. Devenue membre du parti socialiste, elle prend conscience de la nécessité du contrôle des naissances afin de libérer les femmes, notamment celles de la classe ouvrière, des conséquences des grossesses à répétition et du fardeau que représentent les familles nombreuses. Élément fondamental de changement social, le contrôle des naissances va devenir pour Margaret Sanger le combat de toute une vie.
C’est en 1912 que la vie de Margaret Sanger bascule au même moment que celle d’une de ses patientes. Sadie Sachs, jeune mère de trois enfants, meurt en tentant de mettre fin à une nouvelle grossesse. Profondément bouleversée, Margaret Sanger se trouve désemparée devant les conséquences dramatiques des avortements clandestins et son incapacité à venir en aide à ces femmes en quête d’une solution pour contrôler leur fécondité. Impuissante à répondre aux attentes désespérées des femmes pour limiter la taille de leur famille, Margaret est néanmoins décidée à s’engager pour les libérer du carcan des grossesses non désirées : : Je ne pouvais en supporter davantage, je savais que je ne pourrais plus me contenter de ma tâche d’assistance aux mourants. J’étais résolue à agir pour changer le destin de ces mères de famille dont la misère était aussi immense que le ciel.Ses prises de
positions courageuses en faveur de la contraception et de l’autonomie sexuelle révèlent indéniablement une femme en avance sur son temps.
Margaret Sanger vient de trouver le sens de sa vie et de son engagement. À partir de ce jour, elle va se consacrer à défendre la cause des femmes.
Margaret Sanger est une femme magnifique, incroyablement rebelle et en mars 1914,avec des amis un peu anars, elle lance une revue, intitulée Women rebel (Femme en révolte), avec un seul sous-titre : Ni dieux ni maîtres. Et un seul objectif éditorial : Rendre aux femmes la maîtrise de leur vie et de leur corps.
En 1916,elle ouvre la première clinique avec des conseils de contraception.Très vite,la queue s'allonge devant son local avec femmes,enfants et poussettes et la police fait fermer ce local 10 jours après.Elle sera condamnée à un mois de prison pour trouble à l'ordre public.Elle s'enfuira vers le Canada puis vers Londres en 1921 où la liberté est plus grande et elle fait ainsi la connaissance d’Havelock Ellis, précurseur de la morale sexuelle moderne . Sa rencontre avec ce naturaliste, pionnier de la psychologie sexuelle, marque un tournant décisif dans son existence et dans sa conception de la vie et de la sexualité. Tous deux nouent une relation intellectuelle et affective très forte qui influencera profondément la perception par Margaret Sanger de la sexualité humaine. Devenu son mentor, il contribuera à modérer sa vision radicale et l’incitera à concentrer sa réflexion et ses revendications sur le thème du contrôle des naissances. Pendant presque deux ans, accompagnée de Havelock Ellis, elle parcourt l’Europe en quête d’informations sur les moyens contraceptifs existants. Puis, nourrie de ces recherches, elle rédige une série de trois pamphlets dans lesquels elle préconise le contrôle des naissances et décrit certaines techniques contraceptives .Elle reviendra à New York en 1923,et fondera le premier planning familial en bravant les lois américaines.Dans ce planning elle propose des diaphragmes ,des préservatifs et des spermicides.
Pour elle chaque enfant doit résulter de la volonté et du choix, et doit être conçu dans l’amour. Ses discours, qui touchent à l’intime et à la vie privée, suscitent de nombreuses controverses.
Dans le même temps, Margaret Sanger mène une autre campagne. Convaincue de la nécessité de créer un contraceptif oral, elle tente de persuader médecins et scientifiques de mettre en œuvre une recherche dans ce domaine. Bien que ce sujet suscite peu d’intérêt à l’époque, un appui venu du monde médical va mettre la science au service de la condition des femmes. En 1956, le Dr Gregory Pincus met au point le premier contraceptif oral. La pilule est née. Margaret Sanger a plus de 80 ans lorsque les scientifiques qu’elle s’est efforcée de rallier à sa cause lancent le premier contraceptif oral. En 1960, la Food and Drug Administration approuve l’utilisation de ce contraceptif qui s’impose rapidement comme le moyen de contrôle des naissances le plus populaire aux États-Unis.
Margaret Sanger s’éteint le 6 septembre 1966 à Tucson, Arizona, à l’âge de 86 ans, quelques mois seulement après la décision de la Cour suprême qui légalise la contraception pour les couples mariés, marquant ainsi l’aboutissement de la croisade pour le contrôle des naissances .
Attention,cette pionnière du féminisme, « prête à mourir pour sa cause » tout en étant résolument hostile à l’usage de la violence, n'est pas non plus une « sainte laïque » : elle pouvait être aussi, « bornée, impulsive, égocentrique, égoïste » et probablement assez nocive pour ses proches .On l'a accusée de racisme car elle avait donné une conférence aux femmes du Ku Klux Klan mais ni l’abondante production écrite de Margaret Sanger, ni ses propos tenus en privé ne sauraient fournir de quoi étayer le moindre soupçon de racisme, bien au contraire : Margaret Sanger a toujours été opposée à la ségrégation ; elle s’est très tôt et sans ambiguïté élevée contre la montée du nazisme en Allemagne.
Enfin,n'oubliez pas , mes chers amis que la contraception n'est devenue autorisée en France que le 28 décembre 1967 avec la loi Neuwirth qui abrogeât la loi de 1920 qui interdisait la régulation des naissances.
Les femmes maîtrisent alors leur propre corps et décident de leur procréation.Cela reste et restera une libération très importante dans l'histoire de l'égalité homme/femme.
Chapeau Margaret !!
Je ne peux m'empêcher de terminer cet article avec Julio et sa chanson "Vous les femmes " qui m'a toujours amusée !!!