La fatigue d'une journée de travail bien remplie en restant à l'écoute des malades,des dépressifs,des tristes,des mal en point etc.. je rentrais ,je m'allongeais un quart d'heure avant de pouvoir manger et discuter avec ma compagne ou avec les enfants.Puis tout rentrait dans l'ordre.
Il y a eu la fatigue des journées de jardinage avec les courbatures qui vous guettent et une sensation de plénitude après avoir mis ses mains dans la terre qui quand elle est "amoureuse" est tiède et attend la plantation.
Il y a la fatigue du sport ,après un match de tennis ,une bonne partie de 4 heures de golf,une randonnée vélo et bien sûr un marathon.Je me suis endormi en racontant à mes enfants mes randonnées dans le massif du Mont Blanc.Ne dépassons pas les limites de notre corps.
Aujourd'hui c'est une toute autre fatigue à laquelle je dois faire face,c'est la fatigue du corps blessé et de l'esprit chahuté par des pensées contradictoires.Le matin , après un dérouillage matinal, je me sens en pleine possession de mes moyens et j'ai envie de jeter mes béquilles qui m'accompagnent toujours et qui vont le faire jusque la fin de l'année.L'après-midi la fatigue envahit le corps insidieusement,vicieusement,sans crier gare et finit par recouvrir le courage et la volonté.Les soirées sont courtes et le sommeil avance doucement dans mes lobes cérébraux pour gagner le cortex et me réduire à néant.Et tout cela sans somnifère,moi qui en ai tant demandé lors de ma longue hospitalisation.
Je n'ai jamais connu une telle dégradation du corps mais je sais qu'elle n'est que passagère et mon esprit reste vif et pointu.
La fatigue du soir est quelque chose de nouveau pour moi et je comprend mieux tous ces malades qui n'ont eu cesse de me dire tout au long de ma vie médicale : JE SUIS FATIGUÉ
La mort semble bien moins terrible quand on est fatigué.
Simone de Beauvoir