Je suis maintenant parfaitement intégré dans cette institution qu'est Médecins Du Monde,où l'ambiance est conviviale,le sourire spontané,l'entraide naturelle et où les croissants accompagnent le café.
Mais je n'avais encore jamais tourné avec le "camion" dans les rues de Marseille pour aller au devant de ceux qui vivent sur le trottoir et qui ne viennent pas au centre.
Dominique m'attendait vers 17 heures;elle m'a d'abord expliqué le fonctionnement et décrit la population ciblée.Nous sommes ensuite partis à la rencontre d'une population d'exilés du monde:exilés de leur pays car souvent persécutés et sans logis chez nous avec une vie difficile.Nous sommes arrivés près d'une passerelle que je connais bien,endroit où je suis passé de multiples fois sans savoir que la détresse était sous mes pneus.
J'ai d'abord vu des enfants,des enfants avec un beau sourire,des enfants qui n'ont jamais connu autre chose que la rue ,des enfants chez qui on ne lit pas encore la détresse que j'ai vu chez les adultes.Ces adultes ont tous été très sympas mais tous m'ont fait comprendre que cela tournait dans leur tête avec l'inquiétude de l'avenir et l'angoisse était toujours sous-jacente.Il est sûr que tous ces gens sont anxieux et quelques fois dépressifs.Et puis le diagnostic global fut un vieillissement précoce de cette population qui vit dans des conditions difficiles.
Notre accompagnatrice connait bien toutes ces populations en allant vers elles avec douceur et avec le sourire bienveillant;car c'est aussi un certain "job" que de tourner le soir à la recherche de ces gens en difficulté,de les cibler,de les suivre dans leur parcours dans la ville,de gagner leur confiance afin de les soigner.
Cette soirée fut pour moi une découverte,la découverte d'un monde qui nous est inconnu,celui où les enfants vivent dans la rue.Une honte pour notre "civilisation"!!
La misère d'un enfant intéresse une mère,la misère d'un jeune homme intéresse une jeune fille,la misère d'un vieillard n'intéresse personne.
Victor Hugo