Pendant la guerre, envoyée dans une ferme de sa famille en Auvergne, elle était révoltée de voir que tous les hommes et garçons s'asseyaient autour de la table et que les femmes restaient debout et devaient se contenter de manger les aliments et morceaux les moins nobles. Elle-même était mise à contribution pour aller chercher de l'eau alors que des hommes adultes auraient pu s'en charger avec bien plus de facilité. Pourquoi une telle injustice?
Pour expliquer l'universalité de cette domination, Françoise Héritier remontait le temps. Elle s'attaquait ainsi à un mythe qui l'entoure: la femme est physiquement plus faible que l'homme. "Une différence construite" dans des temps très anciens selon l'anthropologue.
"Pour diverses raisons, relevant toujours du symbolique et non de contraintes biologiques, l'alimentation des femmes a toujours été sujette à des interdits. Notamment dans les périodes où elles auraient eu besoin d'avoir un surplus de protéines, car enceintes ou allaitantes, je pense à l'Inde, à des sociétés africaines ou amérindiennes. Elles puisent donc énormément dans leur organisme sans que cela soit compensé par une nourriture convenable; les produits 'bons', la viande, le gras, etc, étant réservés prioritairement aux hommes. Cette 'pression de sélection' qui dure vraisemblablement depuis l'apparition de Néandertal, il y a 750.000 ans, a entraîné des transformations physiques. A découlé de cela le fait de privilégier les hommes grands et les femmes petites pour arriver à ces écarts de taille et de corpulence, entre hommes et femmes."
Mais le cœur du problème est encore ailleurs. Pourquoi les femmes peuvent donner naissance à d'autres femmes mais aussi à des hommes? Voilà un fait qui a longtemps semblé paradoxal à l'esprit humain. Là est la clé de la domination masculine selon la célèbre anthropologue: les femmes sont devenues des objets et non des sujets."
Le coït étant nécessaire à la fécondation, nos ancêtres en ont conclu que c'était les hommes qui mettaient les enfants dans les femmes, . Pour avoir des fils, et prolonger l'espèce, il leur fallait donc des femmes à disposition. Des femmes dont il fallait s'approprier le corps car il importait que personne ne leur vole le fruit qu'ils y avaient mis. Des femmes sur lesquelles ils pouvaient aussi capitaliser, puisque ne pouvant pas coucher avec leurs sœurs, en vertu de l'interdit de l'inceste, ils pouvaient au moins les échanger contre les sœurs des autres hommes. Ainsi s'est créée une société parfaitement inégalitaire où la mainmise sur les corps et les destins des femmes a été assurée, au fil du temps, par des privations (d'accès au savoir et au pouvoir) et par une vision hiérarchique méprisante."
C'est pourquoi, François Héritier voyait dans le droit à la contraception une vraie révolution. "Pour la première fois de l'histoire de l'humanité, les femmes peuvent choisir si elles veulent ou non procréer, quand, combien de fois, avec qui. Elles redeviennent sujets à part entière".
Tout cela lui permettait d'affirmer qu' "il n'y a aucune raison objective, biologique, naturelle qui impliquerait une infériorité féminine et une supériorité masculine.
Françoise Héritier le dit :"Les deux sexes sont différents mais la nature ne dit rien en terme de hiérarchie". Un constat qu'elle n'a eu de cesse de répéter dans ses ouvrages comme dans les médias.
Et que dire du chromosome Y ,grande particularité de la femme et que tout le monde semble oublier.
Je suis quand même heureux qu'elle ait affirmé cette différence sans hiérarchie,au moment où les intégristes de l'égalité prennent la parole,au moment de l'écriture inclusive,la chose la plus débile que j'ai jamais vue dans l'éducation nationale.Mettons toutes les phrases au féminin pendant quelques siècles,ce sera plus simple pour nos bambins qui ont déjà du mal à aimer l'orthographe.